Timbre mortel by J. B. Livingstone

Timbre mortel by J. B. Livingstone

Auteur:J. B. Livingstone [Livingstone, J. B.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature française, Policier
Éditeur: du Rocher
Publié: 2016-12-15T00:00:00+00:00


CHAPITRE XXIII

Scott Marlow relut le message parvenu à Scotland Yard.

À l’intention de l’inspecteur Higgins.

Rendez-vous au cimetière de Highgate à dix-neuf heures.

Concerne l’affaire en cours. Venez seul…

— Ne prenez pas ce risque, Higgins.

— Ce texte n’est pas aussi anonyme qu’il y paraît ; il émane forcément d’une des personnes que nous venons d’interroger. Pour elle, « l’affaire en cours » est obligatoirement le crime dont nous lui avons parlé ; elle a des renseignements à nous communiquer, mais de la manière la plus discrète.

— Un cimetière, quelle discrétion !

— Je connais l’identité de l’expéditeur ; soyez sans crainte, superintendant.

— Je tiens à vous accompagner, Higgins ; je resterai dans la Bentley.

— Il ne faudrait pas effrayer notre correspondant.

— Votre sécurité n’est-elle pas plus précieuse que l’identification même d’un assassin ?

— Il faut bien finir un jour, mon cher Marlow.

— Rien ne presse.

C’était en Orient, pendant son adolescence que Higgins avait apprivoisé la mort, « cette tendre et douce amie de l’homme », comme l’écrivait Mozart ; la peur ne disparaissait pas devant l’épreuve, mais elle n’envahissait plus l’âme et laissait la conscience en paix. Lorsque le dernier instant surviendrait, Higgins pourrait affirmer, comme Lord Carnavon, « je suis prêt ».

*

* *

Bien sanglé dans son Tielocken, coiffé d’une casquette en tweed, Higgins progressa à pas lents dans une avenue silencieuse, bordée d’arbres entre lesquels se dressaient des pierres tombales. La plus insolite des célébrités enterrées à Highgate était sans nul doute Karl Marx, qui devait cohabiter avec des notables britanniques et de grands bourgeois. Des anges de marbre et des statues pompeuses évoquaient un paradis auquel ne croyait guère le père du Capital.

L’homme sortit de derrière une sépulture en faux style égyptien.

— Bonsoir, M. Reed.

— Bonsoir, inspecteur ; me pardonnez-vous le caractère un peu mystérieux de mon message ?

— Il correspond au style diplomatique.

— Vous m’aviez identifié, n’est-ce pas ?

— J’ai supposé que vous désiriez me parler loin du Foreign Office et de toute personne susceptible de vous reconnaître.

— Ce cimetière est un peu trop romantique, mais j’aime y méditer. La seule certitude de ce monde n’est-elle pas ici ? Par bonheur, la mort existe ; imaginez-vous une terre où vivraient éternellement Néron, Hitler et d’autres assassins de leur espèce ? L’enfer serait mille fois plus souhaitable.

Bien entendu, le conseiller culturel portait un imperméable réversible de chez Burberry’s, une écharpe en alpaga et un chapeau noir ; son parapluie était assez large pour protéger Higgins de la pluie. Les deux hommes marchèrent côte à côte, longeant les pierres tombales.

— Connaissez-vous le Foreign Office, inspecteur ?

— J’ai eu l’occasion d’y interroger quelques diplomates, dans le cadre d’enquêtes criminelles.

— Vous ont-ils répondu ?

— Jamais dans leur bureau. Ils ont agi comme vous, en me fixant rendez-vous dans des endroits solitaires, à l’abri de toute oreille indiscrète.

— C’est le métier qui veut ça. Dans nos locaux, on a l’impression que la moindre de nos pensées est consignée dans un rapport secret avant même d’avoir été émise. Saviez-vous qu’il existe ici des sortes de catacombes datant



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